Depuis le 7 juin dernier et jusqu’au 26 octobre, se
déroule une exposition Tintin à la Bibliothèque cantonale et universitaire
(BCU) de Fribourg (Suisse). La société Moulinsart, détentrice des droits sur
l’œuvre d’Hergé, ayant jugé le format et la configuration du catalogue de
l’exposition trop similaires aux albums de Tintin, en a obtenu la
suppression.
Et ce, après trois mois de négociation avec la BCU et l’État de
Fribourg. Selon le directeur de la BCU, Martin Good, ce litige a pour origine
l’adaptation non autorisée de certaines illustrations.
Le bilan de ce contentieux n’est pas anodin puisqu’il se solde
par la mise au pilon d’un livre. Pour accompagner l’exposition, une nouvelle
publication avec des visuels différents devrait cependant voir le jour avant la
fin septembre. Une version du catalogue sans les illustrations, qui auraient
donc nui à sa cohérence selon la société Moulinsart, est cependant toujours
disponible sur le site de la BCU.
LA SOCIÉTÉ MOULINSART, MACHINE À SCANDALE ?
Après avoir fait condamner l’éditeur
et écrivain Gordon Zola, à 72 000 € d’amende et le tintinophile Bob
Garcia à 48 000 € d’amende pour contrefaçon, la société Moulinart
fait maintenant perdre 20 000 francs suisses (soit un peu plus de 16
000 €) à la BCU qui doit détruire ce catalogue tiré à 2 000 exemplaires.
Les autorités fribourgeoises ne désirent cependant pas s’engager dans une
procédure judiciaire.
Leur conseiller juridique Laurent Passer, a confié au journal
suisse Le Temps que « contrairement à un auteur ou un
éditeur qui se risquerait à publier des parodies, ce n’est la vocation ni de la
BCU, ni de l’État, d’engager un bras de fer juridique avec des ayants droit. La
stratégie de négociation était de trouver une solution à l’amiable. »
Alors y a-t-il eu réelle contrefaçon ? Le directeur de la BCU
soutient qu’« il ne s’agit pas à proprement parler de contrefaçon, mais
d’adaptations non autorisées, Tintin étant un personnage fictif protégé par le
droit d’auteur. » Quant à la légitimité de ce conflit, Martin Good
déclare « comprendre le point de vue de la société Moulinsart mais sans
en partager tous les avis. Disons que c’est de bonne guerre… »
Si l’esprit de l’œuvre d’Hergé séduit, génération après
génération, un large public, l’acharnement de ses détenteurs de droits s’avère
nettement moins charmant…
Camille
Humbert - Article de www.la-croix.com